La vie sur le sable du fond de la mer Rouge
Récifs des Fury Shoal en Mer Rouge en Egypte
Les conditions météorologiques nous ont obligés à quitter précipitamment les récifs de Saint John. L'avarie sur l'une des deux hélices du bateau a forcé le capitaine à remonter vers le nord en direction du port de Marsa Alam. Le directeur de plongée nous propose de réaliser quelques plongées sur les sites des Fury Shoal (que l'on peut traduite en français par « les récifs en furie » à cause des violentes tempêtes qui se fracassent sur les récifs). La tempête sévit toujours et la mer est toujours aussi houleuse. Nous devons nous abriter près de la côte. Toutes nos plongées se dérouleront dorénavant sur de petits fonds sableux dans quelques mètres d'eau.
Habituellement, nous sommes passionnés par les photos d'ambiance composées avec des coraux colorés au un premier plan et des couleurs bleues très denses dans l'arrière plan. Aujourd'hui, nous troquons nos objectifs grands angles et nos dômes pour des objectifs macros. La décision est prise : à partir de maintenant, nous photographierons des comportements de poissons.
La première plongée se déroule sur un récif qui a été dévasté par une tempête. Les récifs sont brisés. De grandes tables d'acropora sont posées sur le sol : tout le corail est mort depuis bien longtemps. Nous cherchons désespérément des nudibranches ou des poissons vivants dans les anfractuosités. Après 30 minutes de vaines recherches, nous apercevons une gobie de Steinitz qui est l'affût à l'entrée de son terrier. Sur sa droite, une petite crevette pistolet aveugle (Alpheus djeddensis) est en train de nettoyer son trou dans un interminable manège. Nous nous approchons doucement avec des coups de palmes très lents pour ne pas effrayer la gobie. Arrivés à 50 centimètres, plus question d'avancer. Nous entrons dans la zone de sécurité du poisson. Si nous avançons encore, elle va rentrer dans son trou et il faudra attendre un moment avant qu'elle ne se décide à ressortir.
Après quelques minutes, nous décidons de continuer notre exploration de la bande sableuse. Habituellement, c'est un univers que nous n'aimons car il y a peu de couleurs et nous ne sommes pas attirés par les rendus de la lumière sur le sable. Mais aujourd'hui, il se passe quelque chose de spécial. Nous sommes attirés par toute la vie qui grouille autour de nous. C'est un véritable aquarium et la nous sommes surpris par le nombre d'espèces que nous identifions.
C'est vrai que nous n'avons pas le choix mais en nous concentrant, nous découvrons un univers que nous avons toujours négligé. Nous photographions une raie pastenague à demi enfouie et un minuscule bernard l'ermite. Soudain, l'une de nos ordinateurs de plongée émet un signal sonore nous indiquant la fin de la plongée (nous sommes limités à 1 heure). Incroyable! Nous avons passé 30 minutes à se promener sur le sable et nous n'avons pas vu le temps passer.
A notre retour sur le bateau, nous en discutons de longues minutes. Nous ne nous sommes pas ennuyés un instant et nous avons pris un plaisir fou à utiliser nos objectifs macros. Nous n'en revenons pas.
Nous décidons de rester avec cette configuration photo pour tout le reste de la croisière. Notre objectif est de saisir la vie des habitants du sable. Nous ne serons pas déçus de notre choix car nous réaliserons de nombreux clichés de qualité.
Le plus drôle est que nous avons toujours du sable à disposition dans nos plongées et que nous l'avons souvent négligé pour privilégier les photos d'ambiance sur les grands tombants ou sur les épaves.
Comme toujours, nous allons toujours chercher dans le jardin du voisin ce que nous avons dans le notre.








