Ma règle des 10-10-10-30-40 en photographie de nature
Comment réaliser une grande photo qui « qui marquera les esprits » ? Comment font les grands photographes ? Ces questions, je les entends comme une rengaine pendant nos voyages photo. Pour y répondre, j’ai fini par établir une quantification que j’ai appelée « la règle des 10-10-10-30-40 ».

Le matériel photo n’est pas aussi important que certains le pensent
Avec l’avènement de la technologie numérique, les constructeurs de boîtiers ont immédiatement compris l’intérêt de sortir de nouveaux modèles de manière fréquente, mais sans qu’ils ne soient jamais complètement terminés.
Le marketing est tel qu’on finit par croire qu’on a besoin des fonctionnalités qui apparaissent, s’engage alors une course effrénée vers le changement de son matériel comme si chaque nouveauté allait apporter une solution à tous les problèmes de prises de vue que l’on rencontre.
Le matériel a son importance. Mais il y a des limites à ne pas dépasser. J’ai rencontré beaucoup de photographes qui pensaient que leur équipement dernier cri leur permettrait de faire la photo du siècle. Grossière erreur !
Le matériel photo numérique a cependant atteint une réelle maturité. Les photographes qui savent se servir correctement de leur boîtier n’ont aucun problème pour réaliser de bons clichés. En 2004, le photographe américain Doug Perrine n’a-t-il pas gagné le prestigieux concours du BBC world life, catégorie sous-marine, avec un simple Canon EOS 60D qu’il possédait depuis plusieurs années ?
Développer votre démarche photographique
À force de regarder le travail des autres et parce qu’ils ne pratiquent pas suffisamment sur le terrain, de nombreux photographes oublient leur sensibilité, leur personnalité et essayent de copier ce qu’ils ont vu.
Cette approche, même si je la recommande souvent car l’inspiration est importante pour progresser, ne suffit pas. Vous devez développer votre style en fonction de votre propres centres d’intérêts, de vos motivations. Vous devez développer votre propre approche photographique.
Appliquer les techniques photos que vous avez apprises sur la composition, la gestion de la profondeur de champ, les paramètres de l’exposition, la gestion de la lumière, pour créer votre propre univers photographique. C’est celui qui vous permettra d’être reconnu, identifié par les autres quand vous montrerez des photos.
Choisissez des thèmes qui vous plaisent plutôt que de vous disperser, et mettez tout en œuvre pour parfaire vos créations.
Vous pouvez par exemple aimer la macro en général, ou encore les espèces des pays froids. La plupart des photographes évoluent généralement dans un même univers et rencontrent souvent les mêmes sujets ; pourquoi vouloir se spécialiser dans la photographie d’Asie quand 90 % de vos photographies sont créées en Bretagne ?
Le post-traitement des photos est indispensable
Je pense qu’il est devenu indispensable aujourd’hui de savoir développer correctement ses photos avec un ordinateur et des logiciels spécialisés.
Le développement informatique permet d’ajuster l’exposition, la balance des blancs, le contraste, la lumière, supprimer des particules, recadrer si nécessaire, saturer un peu les couleurs, ajuster la netteté…
Toutes ces techniques ont pour objectif de corriger les imperfections créées par les appareils photo numérique qui ne sont pas calibrés pour réaliser des photographies dans un style particulier.
Chaque domaine photographique possède ses propres codes, notamment en termes d’esthétisme. Le post traitement informatique vous permet simplement de rendre compte de ce que vous avez réellement vu lors de la prise de vue.
Mon propos n’est pas de défendre les techniques de photomontage comme il est de plus en plus pratiqué. J’ai souvent l’occasion de voir des clichés de sujets découpés puis placés sur des fonds totalement noirs pour être mis en valeur. Pour moi, il ne s’agit plus de « photographie » au sens strict mais de « photographisme ». Cette discipline artistique est née avec l’avènement des logiciels de traitement d’images. Les post traitements informatique ont simplement repris toutes les techniques utilisées en laboratoire du temps de l’argentique. Les nouvelles technologies ont simplement permis de mettre à la portée de tous et d’améliorer l’ergonomie.

La chance, le hasard, le destin : le graal indéfinissable
C’est le seul facteur qu’on ne peut pas quantifier, programmer. Pourtant il est essentiel pour la réalisation d’une grand photo.
Chance, destin, hasard, chacun le nommera comme il le veut, mais quelle que soit son intitulé, personne, pas même les meilleurs photographes du monde, ne peut l’appréhender.
C’est le moment indéfinissable où une scène extraordinaire va se présenter devant l’objectif et que l’on saura la capturer, cet instant mémorable qu’on a attendu peut être pendant des années et dont vous allez être témoin. Cet instant où ces moments sont souvent qualifiés de « magiques ».
Combien de voyages photo ai-je fait sans que « rien » ne se produise jamais ! Je ne les compte plus. D’autres fois, j’ai été récompensé. J’ai réussi de belles photos.
Toutes les grandes photos sont soumises à ce paramètre « chance ». Mais j’ai l’habitude de rappeler à mes stagiaires cette lapalissade si connue des joueurs : « 100 % des gagnants ont tenté leur chance ».
Gardez cette maxime en tête pour toujours provoquer les moments extraordinaires qui resteront à jamais fixés sur vos images.
Imaginez que vous n’ayez qu’un simple compact, que vous assistiez à l’accouplement de requins d’une espèce rare tandis qu’un de vos amis soit en train de photographier des nudibranches à Lembeh Strait, avec un reflex dernier cri. Quelle sera la grande photo ? Sans ce facteur du hasard ou de la chance, il est impossible de faire une photo digne de gagner un concours ou de se faire connaître.
Ma règle des 10-10-10-30-40 en photographie
Faire une grande photo, demande :
- 10% de technique,
- 10% de bonne maîtrise de son matériel,
- 10% de maîtrise de l’outil informatique,
- 30% de vision photographique,
- 40 % de chance.
Soyez humble, constant(e), patient(e), persévérant(e) et persistant(e) car le chemin pour s’approcher de l’excellence est long.