Pourquoi il faut du temps pour créer une photo d’art
Lorsque je crée des photographies artistiques, j'effectue un acte délibéré, conscient, réfléchi en poursuivant des buts précis. C’est un travail minutieux avant les sessions de prises de vues, pendant et après. La création d’une collection de photographies d’art nécessite du temps, de la patience et de l’abnégation.

Le temps de la réflexion
En ce qui me concerne, la première étape pour créer une collection de photographies artistiques est de définir le thème que je vais choisir. Je choisis des thèmes qui vont traduire mes émotions. Mais ils peuvent aussi concernés des messages que je veux transmettre.
Durant cette phase de réflexion, la recherche s’effectue dans mon studio. Je parcoure tous les livres d’art dont je dispose. Je parcoure beaucoup les sites web sur internet afin de voir ce qui a déjà été fait et comment. J'utilise aussi beaucoup le dictionnaire pour rechercher des mots exacts afin de définir mon projet et ainsi éviter des contre sens. Ma description doit être aussi précise que possible.
Une fois que les lignes directrices de mes collections ont été définies, je commence à penser concrètement à des photos potentielles que je vais pouvoir réaliser. Je dessine sur du papier de petits croquis très sommaires avec des cadrages et des compositions de scènes de nature. Avec tous ces éléments, j'ai une idée précise de ce que je veux créer.
A ce stade du projet, mes préoccupations sont toujours d’ordre artistique. Je ne pense pas au marketing ou aux actions commerciales. Ce sont des étapes qui arriveront bien plus tard lorsque les produits seront terminés. Je suis un photographe professionnel. Je vis au quotidien de la vente de mes œuvres. Mais l’acte de création est toujours à la base de tout projet que j'entreprends.
Le temps des prises de vues
Cette étape assez paradoxalement est la plus aléatoire et la plus étrange. La première étape, le temps de la réflexion s’effectue toujours chez moi, au studio, bien au chaud dans des conditions confortables. Après cette phase tout est théoriquement parfait.
Une fois que je suis sur le terrain, rien ne se passe jamais comme prévu. Par exemple, les conditions météo peuvent être différentes de celles que j'avais prévues. Dans le cas de projets animaliers, les animaux peuvent être absents. Dans le cas de projets sous-marins, les courants peuvent être violents et la visibilité peut être calamiteuse.
Par expérience, je sais que rien ne se passe jamais suivant les plans établis même si les aléas ont été prévus. je dois toujours m'adapter aux conditions.
Lorsqu’une scène correspondant à l’une des photographies que je veux créer se présente, je m'arrête. Je prends toujours un peu de temps pour sentir l’ambiance et pour être certain que c’est ce que je veux. Ensuite, j'installe mon matériel. Puis j'analyse la direction de la lumière. Je passe du temps à choisir le bon point de vue, le cadrage et la composition. Il se passe bien souvent de longues minutes avant la première photo. Pour moi, la mise en place sur le terrain nécessite du temps. C’est la condition essentielle pour réaliser une bonne photo. Tous ces choix doivent permettre de saisir le moment précis nécessaire à la photo que j'ai en tête. Je sais toujours ce que je veux créer.
Pour une même scène, je vais réaliser plusieurs photos ; parfois même des dizaines. Je fais varier les points de vue, les cadrages et les compositions.
Souvent comme les conditions dans la nature changent rapidement, je m'arrête car la lumière ne correspond plus à celle que je voulais.
Finalement, je photographie très peu de scènes pendant une session photographique. Chaque scène sera photographiée de multiples fois mais je ne conserve qu’une seule photo. Souvent, comme les conditions dans la nature ne sont pas satisfaisantes, je reviens une ou deux fois pour refaire les prises de vues.
Je n'ai pas d’échelle quant au nombre d'images réalisés pendant un voyage. Par exemple, pour un voyage qui va durer 6 jours sur le terrain, je peux réaliser 500 ou 600 photos mais je n’en conserve que 8 ou 9 car elles correspondent aux scènes que je voulais pour retranscrire mes messages.
La création d’une photo sur le terrain est très chronophage et très énergivore. Pour moi, les budgets financiers sont très importants. Je dois toujours planifier les dépenses afin de savoir si c’est viable ou non.
Le temps du développement
Une fois que les sessions en milieu naturel sont terminées, je rentre chez moi pour passe du temps dans mon studio.
Le tri des photographies techniquement mauvaises a déjà été effectué pendant le voyage. A mon retour, toutes les photos ont été sélectionnées, triées et organisées. J'effectue les sauvegardes sur des disques externes. Je laisse le projet mûrir. Je vais attendre plusieurs semaines, plusieurs mois ou même une année avant de commencer le développement. Le temps est très variable et dépend si ce sont des projets pour des clients ou alors des projets personnels.
La règle que je me suis fixé est d’oublier ce que j'ai vécu pour mieux retranscrire mes émotions et mes messages. L’expérience m'a montré qu’un développement « à chaud » ne donnait jamais de bons résultats.
Une fois que je me sens prêt, je passe à la phase de l’editing. Les photos les plus appropriées à ma collection et à ma démarche artistique vont être sélectionnées. Puis je développe.
Le temps du développement varie aussi beaucoup. Il dépend de la complexité de la photo.
Le temps de la mise en valeur
Lorsque mes photographies ont été développées sur l’ordinateur, je choisis le papier qui sera le plus adapté au rendu des tonalités choisies. C’est une étape complexe et difficile. Il m'a fallu du temps et beaucoup de mauvaises expériences pour apprendre à connaître les différents papiers.
J'ai beaucoup expérimenté dans mon bureau avec une imprimante professionnelle. Mais j'ai la chance de connaître d’excellents tireurs travaillant dans les différents laboratoires qui sont mes partenaires. Ces spécialistes de l’impression sur papier m'ont expliqué toutes les subtilités des papiers et des encres. Même si je ne suis pas un experts, j'ai développé des compétences qui me sont fort utiles.
Une fois que les photos imprimées ont été reçues, je choisis les encadrements pour mes collections. Je collabore aussi avec des sociétés spécialisées dans ce domaine. Ces experts vont me trouver les produits les plus adaptés à mes œuvres.
Finalement, après cette dernière étape, la photo d'art ou la collection de photos d’art est terminée. Je peux passer à la phase de marketing et de commercialisation.
Finalement
La création d’une photographie artistique est très chronophage et très énergivore. Les budgets financiers sont parfois conséquents. Ce sont pour toutes ces raisons qu’une belle photo d’art qui vous fait rêver a un prix d’achat élevé. Je pense que c’est le prix pour avoir des œuvres de qualité.
Soyez humble, constant(e), patient(e), persévérant(e) et persistant(e) car le chemin pour s’approcher de l’excellence est long.