Photographier le brame du cerf Charente-Maritime – octobre 2014
Apprendre les techniques d'approche et d'affût pour photographier le brame du cerf
Pour cette année 2014, c’est le deuxième stage de photo animalière consacré au brame du cerf élaphe. Le premier voyage photo a été un véritable succès. Les lumières avaient été très belles. Les stagiaires avaient pu photographier de nombreux comportements comme les combats ou les brames. La question était posée : est-il possible de faire mieux quand tout a été parfait ? C’est une question épineuse qui nous a fait peur. Nous avons eu quelques nuits difficiles avant le voyage photo.
Nous avons eu pendant cette semaine du mois d’octobre 2014 : il a été possible de faire encore mieux. Les ingrédients pour cette recette : des petits matins brumeux, une végétation rousse et des cerfs encore plus actifs. Les quatre photographes qui s’étaient donnés rendez-vous pour une semaine dédiée au roi des forêts n’ont pas été déçus par ce stage de photo animalière.

Ce stage photo a été organisé.
Chaque participant est venu réaliser un rêve
Le rendez-vous à la maison d'hôtes avait été donné à midi. Les stagiaires venaient de Paris, de l’Alsace, de Lyon ou encore du centre de la France. Tous étaient arrivés assez tôt le matin, accueillis par les propriétaires. C’est donc avec surprise que je suis arrivé à l’heure prévue et de découvrir que les appareils étaient déjà prêts à mitrailler l’événement : le brame du cerf élaphe en Charente-Maritime.
Le premier apéritif est l’occasion pour chacun de se présenter et de faire connaissance avec les autres participants. C’est un moment essentiel du voyage car il va totalement déterminer l’ambiance de la semaine. Les sourires sont larges; les yeux sont pétillants; les questions sont nombreuses. Est-ce que les cerfs sont encore actifs ? Est-ce que les hardes sont encore formées ? Je rassure tout le monde. Le brame est à son apogée. Les scènes de combat sont nombreuses. Chacun devrait réaliser de belles photos.
La première étape de mon travail est de questionner chaque participant pour mieux cerner ses désirs. En fonction des attentes de chacun, je dois adapter mon programme de la semaine. Ce qui est étonnant avec ce groupe de quatre photographes, c’est qu’ils sont tous venus réaliser des rêves. C’est la première fois que je vis une telle situation.
Pascale a collecté tout un ensemble de photos sur internet. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres. Elle rêve de réaliser au moins l’une d’elles. C’est le but de son voyage.
Marc débute totalement la photographie : il vient d’acheter son appareil. Il veut juste photographier un cerf quel que soit la situation. Il souhaite aussi apprendre à utiliser son boitier.
André est un photographe animalier confirmé. Il a voyagé dans beaucoup de pays. Il a photographié des espèces uniques au monde. Il possède une vraie vision photographique. Pourtant, il n’a jamais entendu un brame. Son rêve est de photographier un cerf.
Philippe est un photographe animalier qui souhaite apprendre les techniques de l’affût et de l’approche. Son rêve est de photographier un cerf en train de bramer dans une brume matinale.
Pour la première fois depuis que j’anime des stages de photo, je me retrouve face à un groupe de photographes qui ont des rêves à réaliser. C’est un véritable défi qui m’est lancé. Avec Isabelle, nous sommes des rêveurs, c’est pour cette raison que nous avons choisi le métier de photographes. Je n’ai pas d’autres alternatives. Il va falloir que je mette tout en œuvre pour que chacun réalise son rêve.
Accompagner chaque photographe pour voir ses yeux pétiller
Le premier jour, c’est la promenade en 4x4 pour expliquer la topographie des forêts et des prairies. Nous apercevons une harde de cerfs avec un mâle dominant et ses biches. André qui a pris son appareil photo, réussit quelques belles photos. Je sens que l’excitation est déjà à son comble.
Après cette reconnaissance, je donne quelques explications générales sur les techniques de l’affût et de l’approche. Je ne partirai qu’avec un stagiaire à la fois. Ces explications permettront aux autres en attendant le cours particulier de réaliser quelques clichés en solo.
Pour la première incursion en tant qu’accompagnateur, je serai avec Pascale. J’ai partagé la zone en quatre parts égales. Chacun devrait trouver des animaux. Le départ est donné à 16 heures. Le retour est prévu vers 20 heures.
Pour Pascale, j’ai choisi un bois. Durant le tour de reconnaissance en voiture, j’ai entendu bramer. Je vais lui montrer comment réaliser une approche en sous-bois juste en écoutant les bruits mais sans voir les animaux. C’est la technique la plus difficile car marcher sur une branche, la casser peut alerter la biche guetteuse et provoquer la fuite de la harde. De plus les feuilles de l’automne sont comparables à des chips lorsque l’on marche. Il n’y a pas meilleur signal pour signaler notre présence. Mais, il a plu durant les derniers jours. Le sol est humide. Les feuilles sont mouillées. Notre approche devrait être silencieuse.
Les fougères commencent à revêtir leurs couleurs d’automne. Elles sont encore suffisamment hautes pour nous protéger du regard inquisiteur des biches. Nous progressons pas à pas. J’ai expliqué à Pascale comment choisir le sens du vent, comment se placer par rapport au soleil et comment marcher pour ne pas provoquer de vibrations dans le sol. Les cerfs sont peu sensibles aux vibrations contrairement aux sangliers. Mais nous ne savons pas ce que nous allons trouver. Pendant la période du brame, les sangliers se réfugient dans les bois pour éviter l’attitude agressive des cerfs élaphe. La progression se fait très lentement. Nous sommes aux aguets du moindre bruit. Soudain, nous entendons bramer. Le son est très fort. Le cerf ne doit pas être bien loin. Dans les sous-bois, à cause du phénomène d’amplification des sons, il est difficile d’évaluer la distance exacte. Nous sommes juste renseignés sur la direction à prendre. Je sens que Pascale, qui marche sur mes pas est très énervée. C’est toujours une émotion très intense de photographier son premier brame.
Nous ne voyons aucun animal : la végétation est trop dense. Soudain dans notre dos, un grand bruit. Un cerf était caché. Nous ne l’avons pas vu. Il a attendu que nous soyons passés pour bondir hors de sa cachette. C’est impressionnant. Nos cœurs ont battu la chamade pendant quelques instants. Pascale n’aurait pas pu réaliser de photos car il était trop près. Nous continuons d’avancer pas après pas. Soudain, à environ 50 mètres, au détour d’un virage, j’aperçois un magnifique cerf en train de bramer. Je fais signe à Pascale de s’accroupir. Je lui explique comment faire pour approcher en utilisant les troncs d’arbre. Elle est habillée avec un camouflage qui va la rendre invisible. Si son approche est bonne, elle va réussir ses photos.
Elle se lève doucement, se cache derrière un tronc pour évaluer la scène. Elle s’approche doucement, sans aucun bruit. C’est à croire qu’elle a toujours fait des approches silencieuses. Le cerf est dans la clairière. Il continue de bramer. C’est un solitaire qui n’a pas encore réussi à séduire des biches. Il brame de dépit. L’approche va durer 10 minutes. Pascale parcourt 15 mètres. Elle est parfaitement immobile. Elle lève son appareil avec des gestes lents. Elle réalise quelques clichés. Après quelques instants, le cerf regarde dans sa direction pour identifier ces bruits inhabituels. Il n’est pas affolé, juste un peu inquiet et curieux d’apercevoir une grosse lentille pointée sur lui juste à côté d’un tronc d’arbre. C’est suffisamment bizarre pour qu’il décide de partir, ne sachant pas s’il s’agit d’un danger potentiel.
Je rejoins Pascale sans faire de bruit. Ses yeux pétillent. Je sens qu’elle est heureuse de l’expérience qu’elle vient de vivre. C’est ce moment unique et intense que j’apprécie le plus dans mon rôle d’accompagnateur. C’est un moment de partage exceptionnel.
Cette expérience, je la vivrai avec chaque participant : Marc, André et Philippe. J’attends toujours ce moment où les yeux brillent de joie et de bonheur. Pour rien au monde, je ne laisserai ma place à quelqu’un d’autre.
Des conditions météo exceptionnelles
Durant tout ce stage, les bonnes photos vont se multipliées. Les hardes sont nombreuses. Les comportements comme les scènes de combat, les brames seront immortalisés sur les clichés.
Mais les photos de voyage seront épicées d’un ingrédient qu’il est impossible de prévoir : la météo. Les températures assez élevées durant la journée et très fraiches durant les nuits, vont permettre l’apparition de très belles brumes matinales. Philippe réalisera son rêve de photographier un cerf en train de bramer dans la brume. André réalisera de très belles photos de daims. Ces brumes donneront ce petit plus aux photos.
Nous aimerions toujours avoir de la brume car c’est un plus indéniable dans les photographies animalières. Même si le phénomène est facile à comprendre, il est totalement imprévisible. Cependant, l’automne et le printemps sont les deux saisons les plus favorables.
Le diaporama réalisé à partir des photos des stagiaires donnera une idée des photographies d’ambiance réalisées pendant cette belle semaine.
Profiter des couleurs automnales
Un autre ingrédient de choix pour réaliser les photos de brame et des grands mammifères sont les couleurs automnales. Les tons ocres, orangés donnent des tonalités chaudes aux photographies. Ils permettent de mettre en valeur la beauté des animaux. Les couleurs vertes du printemps sont totalement différentes. Les tonalités sont plus froides permettant de plus contraster les pelages des animaux.
Avec les tonalités plus chaudes de l’automne, les clichés sont plus dans la douceur, les nuances, les dégradés harmonieux.
La Charente-Maritime et particulièrement la région de la Haute-Saintonge offrent aux photographes animaliers des palettes de couleurs très larges. Il faut savoir en profiter pour les mettre à profit. Ce n’est pas toujours facile. Une certaine expérience est nécessaire. C’est un apprentissage un peu long mais nécessaire pour sublimer les beautés de la nature.
La balade dans les bois à la manière d’un sioux
Il est impossible de relater toutes les histoires d’un stage tel que celui que j’ai vécu. Que ce soit avec André, Marc, Philippe ou Pascale, j’ai vécu des moments forts. Mais un compte rendu ne doit pas dépasser deux mille mots.
J’ai choisi un excellent moment que j’ai vécu lorsque j’ai accompagné André pour la deuxième fois. J’avais choisi comme thème pour cette balade, la progression dans les sous-bois. André est un excellent photographe animalier mais il ne pratique pas souvent l’approche en sous-bois. En Afrique, il photographie plutôt à découvert depuis une voiture.
Cette fois, j’ai décidé de le surprendre et de lui montrer comment profiter du milieu naturel pour réaliser de belles photos. Une fois les explications données, les mêmes que celles pour Pascale, je laisse André passer devant moi. C’est nouveau car habituellement c’est l’inverse. Je suis quelques mètres derrière André car je suis plus grand et donc plus visible. Il progresse à la manière d’un sioux comme dans les films américains. L’approche se fait avec une démarche féline, à pas feutrés comme dans les meilleurs westerns. J’oublie totalement de regarder autour de moi. Je suis concentré sur cette approche incroyable. C’est comme si André revivait ses années d’enfance à jouer avec ses amis dans les bois. Je suis ébloui par la technicité et le sérieux qu’il met dans chaque pas. Je sens sa concentration. J’ai l’impression d’entendre battre son cœur. C’est un moment extraordinaire que je suis en train de vivre. Cette approche se soldera par des photos prises à moins de vingt mètres d’un magnifique cerf.
La galerie photo des participants
































































Témoignages écrits et sonores des participants
Le commentaire audio de Pascale. (cliquez sur le bouton play pour démarrer) : Je viens de vivre une semaine extraordinaire. J'ai découvert la photographie animalière. Les forêts et les prairies en Charente-Maritime sont fabuleuses. Le nombre d'animaux est étonnant. |
Le commentaire audio de André. (cliquez sur le bouton play pour démarrer) : J'ai déjà de multiples voyages et stages photo avec Amar. Ils se sont toujours très bien passés. Comme d'habitude, il s'est donné à fond. |
Le commentaire audio de Marc. (cliquez sur le bouton play pour démarrer) : C'est mon stage de photo. De plus, je ne connaissais pas du tout la photographie animalière. J'ai appris beaucoup de choses notamment à me servir de mon appareil que je ne connaissais. |
Le commentaire audio de Philippe. (cliquez sur le bouton play pour démarrer) : Mes impressions sur ce voyage de photo animalière sont les meilleures possibles. |
La galerie photo de l'ambiance du voyage


































Finalement
Le brame du cerf est certainement l’un des plus beaux comportements animaliers des mammifères européens. C’est pourtant l’un des plus difficiles à observer dans la nature et à fortiori à photographier. Une fois de plus j’ai réussi mon pari car chaque photographe a pu immortalisé ce moment extraordinaire.
Ce voyage de photographie animalière consacré au brame du cerf m’aura aussi appris une grande leçon. Il est toujours possible de faire mieux que le voyage précédent. Il faut bien comprendre les attentes de chaque participant puis tout mettre en œuvre pour réaliser les rêves de chacun. Ma plus grande satisfaction est de voir les visages illuminés de joie et de bonheur quand les rêves se sont réalisés. C’est certainement la plus belle récompense de mon métier de photographe.
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Amar Guillen est un artiste photographe. Il crée des photos d'art de la nature. Amar exprime en images et en émotions les mystères infinis que recèle la nature. Il a développé un langage photographique personnel, artistique et contemplatif.
La quête de Amar Guillen est de mettre en lumière la préciosité de la nature et de la sublimer.
Son aventure avec la photographie commence en 1987 lorsqu'il achète son premier appareil photo. Il commence à ressentir à cette époque, une véritable fascination pour les paysages somptueux qui l'entourent et la faune qui les peuple. Le besoin d'exprimer ses émotions en image se fait déjà ressentir.
En 2003, il devient photographe professionnel de la nature. Depuis, il se consacre entièrement et professionnellement à la photographie artistique. Ses recherches se cristallisent autour de l'espace sous-marin, de l'univers animalier et des paysages terrestres.
- Écrit par Amar Guillen
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