Paysages alpestres autour du village de Hauteluce en Savoie

Ce voyage consacré à la photographie animalière dans les Alpes se termine. Une semaine de bonheur, de très longues heures d'attente parfois couronnées de succès ; parfois en vain. Nous étions venus pour photographier des chamois et des bouquetins. Nous repartons avec des photos d'oiseaux, de blaireau et de marmottes. La photographie animalière, c'est comme la photographie de voyage : tout dépend des conditions extérieures. Même si nous préparons des plans, ils sont rarement respectés.

La photographie animalière a un point commun avec la photographie de paysage. Elle se pratique très tôt le matin et tard dans l'après midi. Tous les jours, il faut se lever à 5 heures du matin pour être sur les sites à 6 heures. L'après midi, il faut être présent sur les sites 2 heures avant le coucher du soleil et une demi-heure après. La journée, nous en profitons pour faire des repérages et parfois prendre quelques photos. Mais globalement, les lumières sont trop « dures » et les contrastes ne sont jamais bons. Pour ce voyage, chaque jour nous avons volé quelques minutes à notre temps « animalier » pour réaliser quelques photos du village de Hauteluce et des paysages environnants. Ces photos sont surtout du repérage pour le grand voyage que nous ferons en septembre. Hauteluce est un village typiquement alpestre avec les étables sous les maisons et les greniers à vivres à quelques mètres des bâtisses. La vie s'écoule lentement pour les habitants du village. Le rythme de la vie semble imposé par les cloches que portent les vaches autour du cou. Nous avons été surpris de voir que les agriculteurs sont aussi matinaux que les photographes. La traite du matin n'attend pas. Durant les quelques heures passées à déambuler dans les rues de Hauteluce, nous en avons profité pour photographier des détails marquants comme les fontaines et les lampadaires. L'église est absolument fabuleuse que ce soit sa façade extérieure ou la décoration intérieure.

La prochaine étape de ce long périple en France va nous mener en Charente Maritime. Nous sommes toujours à la recherche des lumières et des couleurs pour notre exposition. Mais n'allons pas trop vite, ce sera l'objet du prochain billet.

Nous continuons de croquer la vie en goûtant goulument chaque instant.

Paysages alpestres autour du village de Hauteluce en Savoie.

Le cincle plongeur de la rivière de Beaufort

Après avoir photographié les marmottes, le blaireau, les oiseaux dans un affût, rechercher en vain les biches et les chamois, je décide avec André Callewaert d'aller photographier un oiseau mythique pour les photographes : le cincle plongeur (nom scientifique : Cinclus cinclus).

Notre guide, Philippe Rigolio, nous a montré une nichée de trois oisillons alimentés par les parents le long d'un petit torrent au cœur du village de Beaufort. Sans ses conseils avisés et son expertise, nous aurions bien été incapables de repérer le nid. Nous voici à pied d'ouvre sur le bord du torrent, camouflés sous une bâche kaki pour nous rendre invisibles des deux cincles parents qui effectuent un va et vient incessant entre le torrent et le nid. Les appareils photos sont équipés d'un 200-400mm avec un convertisseur 1.4 pour augmenter les focales. Comme le poids de l'ensemble est très important, nous utilisons des trépieds. La température sous la bâche est très élevée à cause du soleil. Le nid est exposé à l'est. Nous manquons de lumière. Cette séance ne s'annonce pas facile car le cincle est un oiseau très rapide. La becqueté ne dure qu'une seconde. Les parents vont très vite pour nourrir les petits afin d'éviter les prédateurs.

Nous avons décidé d'effectuer des rotations de 1 heure sous la bâche. La chaleur est difficile à supporter mais nous devons aussi éviter les heures du midi car les lumières sont trop « dures ». Avec cette méthode, nous pourrons chacun y passer 2 heures.

Les cincles plongeurs sont des oiseaux mythiques car ils ne vivent que sur les rives des cours d'eau rapides, dans les endroits rocailleux et escarpés et prioritairement en altitude. Un couple a besoin d'un territoire de 1 kilomètre de long. Autant le dire, on ne le rencontre pas à tous les endroits des torrents. Le cincle plongeur trouve sa nourriture essentiellement dans l'eau. Il n'a pas les doigts palmés mais il nage très bien. Il reste debout sur un rocher ou une branche à mi- rivière, en se balançant souvent de haut en bas avec la queue dressée. Quand il repère une proie, il glisse sous la surface de l'eau, et marche littéralement dans l'eau, ou même vole sous l'eau avec les ailes entrouvertes. Son plumage doux et dense lui offre une bonne isolation dans l'eau où il trouve des larves et des petits poissons. Après le plongeon, il peut flotter vers le bas de la rivière sur une courte distance, avec les ailes partiellement ouvertes, avant d'émerger. Afin de glisser sous la surface, il se tend vers le bas, avec la tête bien baissée et le corps oblique, et une fois dans l'eau, il agrippe le fond avec ses doigts puissants et bouge librement. Il marche et court aussi sur le sol, sur les rives des cours d'eau, pour chercher des insectes terrestres. Pendant la parade nuptiale, le mâle vole haut au-dessus de son territoire. Il court aussi, et expose sa poitrine blanche devant la femelle. Le couple reste soudé pour un an. Le cincle plongeur est habituellement vu seul ou en couples, mais plusieurs oiseaux peuvent dormir ensemble la nuit en hiver dans un endroit abrité, sous un pont bien souvent.

A la fin de la matinée, la séance photo est réussie. Nous avons chacun près de 200 photos. Nous sommes certains d'avoir au moins 10 photos réussies. L'objectif est atteint. En atteignant la voiture, nous sommes contents, heureux et émus d'avoir pu réaliser ces prises de vue de nourrissage si rares. Encore une belle journée dans le Beaufortain riche en émotions. Décidemment, cette semaine dans les Alpes est placée sous le signe de la chance. Nous savons en profiter.

La vie est belle.