Les 10 étapes de l'apprentissage photographique pour créer des photos simples

Plus je vends de photos et plus je rencontre de clients, plus je me rends compte que la plupart de ces personnes sont attirées par des photos simples, faciles à lire et à comprendre.

Après avoir fait une analyse personnelle de mon activité photographique, je suis arrivé à la conclusion que créer des photos simples est difficile.

C'est cette analyse que je vais partager avec vous dans cet article.

Quoi de plus simple qu'une dune sous une lumière rasante. Il m'a fallu pourtant plusieurs jours pour réaliser cette photo suggestive en noir et blanc.

La simplicité en photographie

Faire simple. Simplicité, que ce soit facile à lire, à comprendre.

Ces quelques mots et expressions guident ma démarche photographique. J'emploie volontairement le verbe guider car ils sont devenus des mantras. Depuis quelques années, je mesure combien il est difficile de réaliser des choses simples. A fortiori en photographie.

Avant de plonger dans cet article, je voudrai vous préciser la définition des mots simple et difficile.

Une définition du mot simple est la suivante :

Qui est réduit à l'essentiel, sans recherche, sans apprêt, sans surcharges ni ornements inutiles.

Une définition du mot difficile est la suivante :

Qui n'est pas facile à réaliser, qui exige des efforts importants.

La simplicité en photographie consiste à créer des images qui se réduisent à l'essentiel, sans apprêt, sans surcharge ni ornements inutiles. Une photo simple se suffit à elle-même. Elle n'a besoin de rien d'autre pour produire l'effet attendu.

Créer des photos intéressantes, qui ont du sens, qui retiennent l'attention, qui évoquent des émotions ou transmettent des messages, qui soient techniquement correctes et esthétiquement réussies est ardu, malaisé ! C'est aussi simple que cela.

Chaque jour, j'ai l'impression qu'une vie entière ne sera pas suffisante pour apprendre à créer des photos simples, qui soient faciles à lire. Des photos qui traduisent des émotions, transmettent des messages, évoquent des sentiments. Des photos qui touchent les autres émotionnellement.

Il m'arrive parfois de réussir à créer une photo, ou même deux ou trois dont je suis vraiment fier et totalement satisfait.

Mais réussir à créer 15 ou 20 de ce gabarit nécessite des années de travail et d'abnégation.

Lorsque j'ai commencé à photographier, j'ai acheté des livres de photographes connus. A l'époque il s'agissait surtout de photographies de reportage. Mes auteurs préférés étaient Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Willy Ronis. Je m'intéressais aux photographes portraitistes, car la plupart des beaux livres leur étaient consacrés. A cette époque la photographe de paysages était surtout réservée aux cartes postales. La photographie animalière était surtout destinée à des magazines qui vantaient des voyages lointains. Ces thématiques n'étaient pas vraiment des sujets en soi.

Heureusement, ces temps ont changé. Chaque thème photographique a le droit de citer de mes jours.

J'étais toujours subjugué par la simplicité des images. J'étais transporté dans d'autres univers. La démarche photographique était visible, identifiable, compréhensible. On adhérait ou pas. Je me demandais toujours si ces photographes faisaient pour parvenir à un tel niveau. Comment c'était si simple pour eux.

A l'époque, je ne consacrais pas tout mon temps à la photographie. J'étais étudiant. Je me consacrais à des études plutôt techniques qui allaient déboucher sur une carrière professionnelle qui n'avait rien à voir avec la photo.

J'ai continué à pratiquer la photographie en tant qu'amateur. Finalement, en 2003, je choisis la voie de la photographie professionnelle. Ce choix a été surtout un choix pour survivre. Je vivais aux États-Unis depuis deux ans. La création d'une société me permettait d'obtenir un visa pour rester dans ce pays où j'étais bien.

Je continuais de me perfectionner en lisant tout ce que je pouvais trouver comme livres. C'est alors que j'ai commencé à comprendre ce qui était pourtant évident. Mais comme toujours, on ne voit que ce que l'on veut voir. Tous ces livres que je lisais que je feuilletais en étant subjugué par tant de talent n'étaient pas le résultat de génies. Ils étaient le résultat de photographes qui travaillaient sans cesse, avec abnégation.

Ces livres et ces photos n'étaient que le meilleur de leur approche photographique. C'était juste un florilège de toute leur activité. Le déclic s'est produit avec Ansel Adams, le photographe américain qui a immortalisé à tout jamais les paysages magnifiques du sud-ouest des États-Unis. J'ai toujours été et je resterai toujours en inconditionnel fan de Ansel Adams. Il est une véritable source d'inspiration pour moi. J'ai lu tous ses beaux livres et tous ses livres techniques. Pourtant, des photos d'un niveau moyen ou même débutant ont été publiées. Ces livres ont été publiés bien longtemps après sa mort, car c'est un photographe dont on s'arrache les livres.

Ces livres sont publiés par des personnes qui ne pensent qu'à l'argent. Mais grâce à eux, j'ai pris conscience qu'Ansel Adams était comme tout le monde. Il réalisait aussi des photos banales. Mais sa recherche de l'excellence et de la perfection a fait qu'il ne montrait que ce qui valait la peine.

Il existe aussi un autre fait qui m'a longtemps fait croire que la plupart des photographes que j'admire réussissaient à réaliser des photos simples et merveilleuses à coup sûr. Ce fait s'appelle l'intentionnalité photographique. C'est lorsque l'on prête à des photographes des propos, des qualités, une démarche photographique qu'ils n'ont pas définie eux-mêmes.

J'ai écouté et regardé de nombreux reportages ou lu de nombreux livres et articles prêtant telle qualité ou telle action à des photographes. En creusant le sujet, je me suis rendu compte que ces photographes n'avaient rien dit et rien écrit. Tout démarre avec un journaliste, un agent et la rumeur s'amplifie.

On prête à ces photographes des faits dont ils n'avaient pas eux-mêmes conscience. C'est l'intentionnalité photographique. Les photos sont belles et intéressantes. Mais les propos sont fallacieux. Ils sont construits par d'autres que les auteurs. J'ai été aiguillé sur de mauvaises pistes à cause de cette intentionnalité photographique.

La conclusion de ces réflexions personnelles est que parvenir à créer des photos simples est difficile pour tous les photographes qu'ils soient anonymes, connus, réputés.

Pour créer des photos simples, il est nécessaire d'avoir beaucoup d'expérience, de vécu, d'avoir douté, d'avoir cherché, expérimenté, raté !

Faire de manière continue des photos simples qui parlent à chacun, qui émeuvent, qui donnent du bonheur est impossible.

Quand on réalise des photos, il y en a toujours quelques bonnes et beaucoup de ratées. Une chose est certaine. Plus vous prenez des photos, plus vous serez exigeant et persévérant, plus vous aurez de chances d'en réaliser des simples qui en disent long.

Dans la suite de l'article, je vais partager avec vous la mise en place de différentes idées photographiques qui vous aideront à créer des photos plus simples, intéressantes, qui ont du sens et de l'impact.

Je vous propose deux citations de Henri Cartier-Bresson. Elles sont extraites de son livre "Images à la sauvette !".

C'est en vivant que nous nous découvrons, en même temps que nous découvrons le monde extérieur ; il nous façonne, mais nous pouvons aussi agir sur lui. Un équilibre doit être établi entre ces deux mondes, l'intérieur et l'extérieur, qui dans un dialogue constant n'en forment qu'un, et c'est dans ce monde qu'il nous faut communiquer.

Le contenu d'une image ne peut se détacher de la forme ; par forme, j'entends une organisation plastique rigoureuse par laquelle, seules, nos conceptions et nos émotions deviennent concrètes et transmissibles. En photographie, cette organisation visuelle ne peut être que le fait d'un sentiment spontané des rythmes plastiques.

Je crois que beaucoup d'enseignements sur la photographie sont à retirer de ces deux citations. Elles sont pour moi deux lignes qui me guident sur mon chemin photographique.

L'apprentissage photographique

Pourquoi réaliser des photos simples est si difficile ?

La réponse est simple : l'apprentissage photographique est difficile.

J'ai défini un modèle que j'ai appelé les principes de l'approche photographiques. Il se compose de différentes étapes.

Étape n°1 - apprendre à maîtriser l'équipement photographique : appareil, objectif, flash, etc.

Étape n° 2 – apprendre à construire des photos : composition, cadrage, couleur, élément, netteté, etc.

Étape n°3 – maîtriser les techniques de base du développement : calibration d'un écran d'ordinateur, recadrage, contraste, luminosité, netteté, etc.

Étape n°4 - apprendre à présenter une photo : impression sur papier, web, etc.

Étape n°5 - définir un but photographique précis pour continuer de progresser : C'est le why photographique.

Étape n°6 - définir une démarche photographique et/ou artistique.

Étape n°7 - définir une intentionnalité photographique.

Étape n°8 - apprendre à maîtriser la sémantique, la syntaxe, l'esthétisme photographique.

Étape n°9 - apprendre à maîtriser le développement avancé des photos. à ce stade le développement avancé consiste à renforcer la démarche photographique.

Étape n°10 - développer une culture photographique importante qui viendra renforcer la démarche photographique.

Toutes ces étapes nécessitent une longue période d'apprentissage. C'est un processus qui ne s'arrête jamais. Personnellement, je reviens sans arrêt en arrière pour renforcer une étape particulière.

Comme vous le constatez, l'apprentissage de la photographie, quel que soit le domaine est difficile. Le moyen d'y arriver est de faire preuve de ténacité et d'abnégation.

Il ne faut jamais lâcher prise et ne jamais se décourager.

Dans mon cas, une autre couche est venue s'ajouter aux précédentes. Je suis un photographe professionnel.

J'ai choisi de faire ce que j'avais envie dans ma vie et de vivre de ma passion.

J'ai dû apprendre à communiquer et à faire du marketing pour vendre mes photos.

C'est à nouveau un processus complexe et difficile à maîtriser.

Toutes ces différentes étapes font que nous avons l'impression que tout est compliqué et difficile. Cela se ressent dans la réalisation et la création des photos.

N'oubliez jamais que nos photos sont un reflet de nous-mêmes. Nous y mettons ce que nous sommes et ce que nous voyons de nous-mêmes.

Si l'apprentissage de la maîtrise est compliqué et ardu, nos photos seront compliquées et ardues. Si nous sommes dans un état intérieur où tout est simple, facile à gérer, nous créerons des photos simples.

Finalement

J'espère que cet article vous aura éclairé sur cette notion de photos simples.

Cet article est certainement l'un des plus importants que j'ai écrit.

Si vous voulez créer des photos simples qui soient intéressantes, qui attirent et retiennent l'attention, qui traduisent vos émotions et qui aient du sens, vous devez apprendre, progresser, ne jamais vous arrêter et toujours sortir de votre zone de confort. Mais surtout comprendre les autres et ce qu'ils recherchent.

Vous finirez par être vu, audible et connu.

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.
Nicolas Boileau.